Après trois années de préparation, le Comité d’Initiative International Provisoire (CIIP) pour la réalisation des Etats Africains Unis (EAU) en l’espace d’une génération a tenu sa première rencontre internationale, du 8 au 13 décembre au Ghana. Ce pré-congrès a eu lieu grâce à une active participation de jeunes, de femmes et d’hommes, mais aussi de hautes personnalités de l’Afrique et de sa diaspora, convaincus de la nécessité de poursuivre le combat des précurseurs du panafricanisme pour que l’Afrique parle d’une seule voix.
La coïncidence n’est pas fortuite. Il y a 60 ans Kwame Nkrumah organisait la première Conférence panafricaine. On était en 1958, à l’aube des indépendances. En dehors du Ghana, de la Guinée, du Libéria et de l’Ethiopie (jamais colonisés), aucun autre pays africain n’avait encore acquis sa souveraineté internationale. Mais les organisations politiques et syndicales africaines avaient afflué à Accra pour partager les volontés et les décisions qui allaient contribuer aux débuts des grandes libérations futures sur le continent.
Du 8 au 13 décembre derniers, à Accra, des centaines de panafricanistes, surtout des jeunes activistes venus de différents pays africains et de la Diaspora, se sont retrouvés à Accra, en marge de la commémoration de la Conférence panafricaine de 1958, pour lancer une initiative qui se murit depuis trois ans, et qui devrait aboutir à la mise en place des Etats Unis d’Afrique. Le rêve dure depuis 60 ans, le Mouvement Fédéraliste Panafricain (MFPA) voudrait le réaliser «en l’espace d’une génération».
La rencontre d’Accra a été une occasion de raviver la flamme et de lancer un message fort à tous les Africains, avec la tenue d’un pré-congrés dont l’issue a consacré la mise en place d’un Comité International Préparatoire appelé à travailler à l’organisation d’un congrès pour s’engager vers les Etats Unis d’Afrique. La cérémonie d’ouverture de cette rencontre panafricaniste a été rehaussée par les présences du président ghanéen Nana Akufo-Addo, de la fille de Nkrumah, Samia, présidente du Kwame Nkrumah Pan-African Centre (KNAC), des ambassadeurs d’Algérie, du Burkina Faso, du Mali et du Sénégal accrédités au Ghana et de nombreuses autorités gouvernementales et coutumières.
Accra 2018 a ainsi été l’aboutissement d’un long processus. Mis en place en 2015 à Dakar, par des activistes panafricanistes d’Afrique et de la Diaspora, jeunes et adultes, le MFPA s’est répandu sur le continent africain avec la création de Comités d’Initiative Nationaux (CIN) et de Comités d’Initiative Régionaux (CIR) sous la coordination du Comité d’Initiative International Provisoire (CIIP). L’objectif était ambitieux : voir naître, en une génération ou moins, une fédération d’États africains géopolitiquement puissante et unie sur le plan économique et militaire.
Président de la Commission Relations extérieures du CIIP, le Général Mamadou Mansour Seck, ancien chef d’Etat major des Armées sénégalaises et ancien ambassadeur du Sénégal aux Etats Unis, rappelle que la démarche mise en place, en phase avec les principes développés par Cheikh Anta Diop et Kwame Nkrumah, «nous a porté à commencer notre mouvement par la base pour arriver au sommet. Il s’agit d’un vieux rêve que nous réveillons. Pour cela, les populations doivent être sensibilisées d’abord pour que les gouvernements suivent la direction afin d’atteindre cet objectif ultime qui donnera à l’Afrique la souveraineté entière, politique et économique, ainsi que le respect», confie-t-il.
Dans le processus d’implantation du CIIP, l’iinfluence et la diplomatie du Gl Seck ont été mises au service du continent. Aujourd’hui il ne manque jamais de rappeler que cette organisation est «un mouvement indépendant des gouvernements, mais dont ces derniers ne sont pas exclus. Heureusement, nous connaissons déjà des leaders politiques qui se sont appropriés cette cause et qui disent ‘’ l’Afrique doit parler d’une seule voix ‘’. C’est pour cela, comme l’avait prévu Cheikh Anta Diop, que le mouvement « bottom-up » (de bas en haut) des peuples vers les leaders, doit être notre action principale. Mais ne négligeons pas le mouvement « top-down » (de haut en bas) des leaders vers les peuples», poursuit-il.
Ancien ministre de l’Education nationale du Mali, présent au pré-Congrés d’Accra, Adama Samassekou a défendu l’importance de commencer par la base en évoquant notamment la nécessité et l’urgence de valoriser les langues africaines à travers l’éducation dès le bas âge. Il regrette le fait que les enfants africains ne soient pas éduqués dans leur langue maternelle, alors que dans des pays comme la Chine, les enfants le sont dans leur propre langue.
Sous la coordination de Mamadou Mignane Diouf, activiste sénégalais, le CIIP a eu à organiser plusieurs rencontres d’informations et d’échanges avec des parlementaires, des organisations de la société civile, des mouvements syndicaux et d’autres associations dans différents pays d’Afrique. Des visites ont été aussi effectuées dans quelques pays dont le Mali, terre de Modibo Keita, afin de poursuivre le combat enclenché par les précurseurs du panafricanisme. Le CIIP a également reçu à Dakar Mme Samia Nkrumah, en juin 2018 dans le cadre de la préparation du pré-congrès.
Accra 2018 a été une rencontre de partage à laquelle ont participé plus de cinq cents panafricanistes, la plupart des jeunes, qui ont fait le déplacement pour participer à ce pré-congrès de six jours. Parmi eux Antoinette Montaigne, ancienne ministre de la Réconciliation de la Centrafrique, Malaak Shabazz fille de Malcom X, une petite fille de Bob Marley, etc. Tout comme Joomay Ndongo Faye, un des principaux initiateurs du MFPA, ils sont convaincus que le slogan de Nkrumah « Africa must unite» (l’Afrique doit s’unir) est encore d’une grande actualité.
Le pré-congrès s’est achevé par l’installation du Comité International Préparatoire (CIP), qui remplace le CIIP, première étape vers la tenue du premier Congrès fédéraliste panafricain en vue de la réalisation des Etats africains unis en l’espace d’une génération. La Sud Africaine Kathy Dehlu Mhango a succédé à Mamadou Mignane Diouf pour la coordination du CIP. Militante panafricaine convaincue, elle est appelée à travailler à la tenue du Congrès panafricaniste… pour la réalistion des Etats Africains Unis «en l’espace d’une génération».
Etats Africains Unis : les jeunes tracent la voie
Plus de deux cents jeunes ont participé au pré-congrès pour la réalisation des Etats Africains Unis (EAU) en l’espace d’une génération. Tenu à Accra du 8 au 13 décembre, l’événement a accueilli des participants venus d’Afrique et de la diaspora, en vue de discuter de la voie à suivre pour mener la campagne du Mouvement Fédéraliste Panafricain (MFPA) et arriver à une Afrique unie.
La plupart des jeunes sont arrivés en caravane par la route. Mais les longs jours de voyage et les tracasseries routières n’ont pas usé leur engagement. Si les signes de fatigue ont été visibles sur les visages, leur détermination est restée intacte Responsable de la délégation sénégalaise à ce pré-congrès, Birame Basse, communément appelé Ibou, souligne combien le voyage fut difficile. «Notre bus est tombé en panne à Kédougou en pleine forêt, à la frontière entre le Sénégal et le Mali. On a dû attendre 18 heures pour reprendre notre voyage. Notre motivation s’est renforcée parce que nous devions venir assister à cette rencontre pour faire passer notre message. Nous voulons des leaders qui ne sont ni financièrement ni intellectuellement corrompus, des leaders impliqués pour la cause, des gens qui y croient », martèle-t-il.
Par contre, la caravane de la délégation burkinabé a pu cheminer sans encombre. Arrivés à Accra après deux jours de voyage depuis Ouagadougou, plus que jamais convaincus que l’unité africaine est une nécessité, Démé Fatimata, membre du MFPA du Burkina Faso, rappelle comme un leitmotiv : « Nos leaders s’inscrivent dans la dynamique des micro-Etats. Nous n’arrivons pas à communiquer entre Africains sur les potentialités de nos différents pays à cause des frontières ». Svelte, foulard sur la tête, la jeune activiste pense que si « l’Afrique veut un destin commun et fort, elle doit s’unir, changer les politiques de gouvernance pour aller vers le fédéralisme. Les hommes d’affaires africains, par exemple, doivent se fédérer pour que les populations africaines n’aient plus à acheter des produits venant de l’extérieur ».
Etudiant en sciences politiques à l’université du Ghana où s’est déroulé le pré-congrès panafricaniste, Arhin Otoo, le sourire aux lèvres, confie que voir des jeunes africains venus de partout dans le monde pour assister à la rencontre est un signe d’espoir. « Cela me fait espérer que l’Afrique va s’unir. L’approche du MFPA est différente des autres. Elle commence à la base et non au sommet où on a des leaders qui ne veulent perdre aucune portion de leur souveraineté ».
Des délégations de jeunes venues d’Afrique Centrale, d’Afrique du Sud, de Côte d’ivoire, de Guinée, du Mali, du Kenya, de la Tunisie, mais aussi de la Diaspora en Europe, en Amérique du nord, aux Caraïbes, en Extrême orient, etc., ont assisté à ce pré-congrès tenu du 8 au 13 décembre, première étape vers la tenue du premier Congrès Fédéraliste Panafricain du MFPA.
Par Awa Diédhiou (Envoyée spéciale)
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