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[Économie] Dédollarisation : Comment la Chine entend relever sa croissance économique tout en dopant le rouble russe face au dollar

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Pékin a annoncé de nouvelles mesures importantes pour doper la croissance de son économie, frappée par un fort ralentissement depuis plusieurs mois. Ces mesures auront non seulement pour conséquence l'augmentation de la consommation des matières premières, mais stimuleront l’ensemble de l’économie mondiale, en soutenant le taux du rouble russe grâce à l'augmentation des exportations vers la Chine.

La semaine dernière, les autorités chinoises ont annoncé un nouveau programme de soutien à l'économie du pays, qui connaît un fort ralentissement depuis plusieurs mois. Signe emblématique de ce ralentissement économique, l'effondrement en bourse le mois dernier de l'un des géants chinois du secteur de l'immobilier la Country Garden Holdings, dont le cours de l'action s'est effondré de 16,3% à la Bourse de Hong Kong. Ce qui avait pesé évidemment sur l'indice Hang Seng de Hong Kong ainsi que sur le Shanghai Composite, qui avaient respectivement cédé 1,9% et 0,3%.

Aussi, les économistes et les investisseurs du monde entier attendaient de voir ce que Pékin ferait pour inverser cette tendance baissière : outre les difficultés des grandes entreprises de la construction, l'activité manufacturière était également en baisse depuis cinq mois consécutifs, les exportations aussi avaient diminué pendant trois mois d'affilé jusqu'à atteindre une baisse de 14,5% au mois de juillet, le yuan s'était déprécié vis à vis du dollar, la consommation d'énergie avait baissé également, et même le commerce de détail souffrait d'une faible dynamique.

Dans de telles conditions, les autorités chinoises ont été contraintes de prendre des mesures pour, dit-on, réchauffer l'économie et le moral des analystes, déprimé par les principaux indicateurs économiques tous en berne.

L'une des principales orientations pour sauver l'économie chinoise est l'optimisation de la politique de l'État dans le domaine du crédit au logement : "les politiques de crédit immobilier ont été ajustées et optimisées", selon un communiqué de presse conjointement publié par la Banque populaire de Chine et l'Administration nationale, le jeudi 31 Août 2023 :

"Le taux d'intérêt des prêts hypothécaires existants pour l'achat du premier logement sera réduit. Le pays mettra également en œuvre une politique uniforme concernant le ratio de la mise de fonds minimale pour les prêts hypothécaires immobiliers individuels, que ce soit pour l'achat du premier ou du deuxième logement."

Il faut dire que les prévisions des experts quant à la croissance de l'économie chinoise ont été revues à la baisse, passant d'une croissance prévisionnelle du PIB de 5,2% à 5,1 % en 2023.

C'est ce qui justifie la baisse des taux d'intérêt ainsi que la réduction du taux de réserves des banques chinoises, dans l'optique de stimuler les prêts bancaires et de renforcer les mesures de soutien aux marchés boursiers et immobiliers.

Les difficultés de l'économie chinoise sont liées principalement :

  1. à la baisse de ses exportations vers les États-Unis
  2. à la baisse des investissements directs étrangers consécutives aux tensions géopolitiques avec les Etats-Unis,
  3. à la faiblesse de la demande intérieure,
  4. et à la détérioration de la démographie (vieillissement de la population).

Les problèmes du marché immobilier couplés avec le niveau d’endettement élevé du pays donnent au gouvernement chinois, une marge de manœuvre relativement limitée en ce qui concerne l'assouplissement de la politique monétaire et les mesures de relance budgétaire.

L’un des principaux facteurs qui détermineront la restructuration de l’économie mondiale dans les années et décennies à venir est la rivalité stratégique entre les États-Unis et la Chine.

Sortie de capitaux de Chine et bataille avec les États-Unis

Dans le contexte de taux d'intérêt plus bas en Chine et de taux d'intérêt plus élevés aux États-Unis, ainsi qu'en raison de la détérioration des relations entre les États-Unis et la Chine, il y a eu une sortie active de capitaux de Chine ces derniers mois. Et la Maison Blanche n’entend pas céder le leadership technologique et économique à Pékin.

Avec l'extension des frontières des BRICS, le monde est en train de se restructurer en deux camps : les États-Unis et leurs alliés d'une part, et la Chine et ses alliés de l'autre.

Et les difficultés économiques rencontrées par la Chine ne sont que le reflet de cette transition géopolitique vers un nouvel équilibre mondial fondé sur la multipolarité, et le changement de paradigme économique, vers plus de solidarité et d'équité entre les peuples.

Pékin peut compter par exemple sur le soutien des partenaires du projet mondial « One Belt, One Road » ou "la nouvelle route de la soie", mais également sur les opportunités offertes par l'extension des BRICS.

Et la perspective du "développement des économies d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine" où la Chine est solidement positionnée laisse augurée une forte consommation de matières premières issues de ses pays par l'industrie chinoise, qui trouve dans le même temps, des débouchés pour ses produits industriels.

D'autre part, Pékin soutient son allié russe, frappé par une série de sanctions économiques vigoureuses imposées par le bloc de l'OTAN. Et donc, la forte consommation par Pékin de l'énergie russe bon marché par son industrie, permet non seulement de soutenir le cours du rouble face au dollar, mais également de doper la compétitivité de son économie.

Des mesures qui font du bien à tous...

En prenant des mesures importantes pour sauver l'économie chinoise, la Chine stimule dans le même temps le PIB mondial, et ceux pour deux raisons :

  • D'abord, parce que les économies du monde sont plus que jamais interconnectées
  • Ensuite, parce que la Chine est non seulement le plus grand exportateur mondial, mais également un gros importateur d'une grande variété de matières premières et de produits(pétrole, gaz naturel, minerais non ferreux, soja,...)

En conséquence, les difficultés de l’économie chinoise reviendront inévitablement hanter les quatre coins du monde.

Par ailleurs, les mesures visant à réchauffer le secteur de la construction pourraient accroître la demande de matériaux de construction et de combustibles en provenance de Russie, ce qui permettra de doper le cours du rouble face au dollar, dont le déclin actif a été déclenchée par la dédollarisation de l'économie mondiale au sommet des BRICS de Johannesbourg.

Ainsi, pour relever le marché mondial, le taux de croissance de la Chine doit être stimulé par la mise en œuvre de nouveaux projets d’infrastructures à grande échelle, ce qui permettra de répondre à la demande excédentaire de matières premières et de produits de consommation.

L'intensification des mesures de relance chinoises, ainsi que la réduction de la production pétrolière de l'Arabie saoudite et de la Russie, soutiennent les prix du pétrole - les cours du Brent ont augmenté aujourd'hui à 88 dollars le baril. Dans le même temps, le pétrole russe de l'Oural, s'élevait à 74 dollars le baril au mois août, selon le ministère des Finances de la Fédération de Russie.

La conjugaison des prix élevés du pétrole avec la faiblesse du taux de change du rouble est positive pour le budget russe. Car le marché boursier russe est orienté vers l'exportation, ce qui permet de renflouer les caisses qui devient de facto excédentaire, réduisant le risque de déficit budgétaire sur le Ministère des Finances.

C'est ce que confirme la Banque de Russie :

"Le décalage entre les prix élevés du pétrole et l'approvisionnement en devises provenant des recettes d'exportation vers le marché des changes russe est de 2 à 3 mois. Les prix du pétrole Brent se sont fixés au-dessus de 80 dollars le baril en juillet, de sorte qu'un impact positif sur le rouble est probable en septembre-octobre."

Par Rédaction - média AfroPolitis.com

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