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[Culture] Le système politique traditionnel en pays baoulé / Akan

Typographie

Le système politique traditionnel baoulé est fondé sur un système de chefferies de tribus, dans lequel priment les rapports de parenté pour la distribution des richesses et du pouvoir.

Dans ce système assez souple et mouvant, la domination politique est intimement liée à la richesse économique, qui découlait autrefois principalement de la possession de gisements aurifères, de fusils, de sel marin ou d’esclaves. C’est pourquoi les réfugiés ashanti, arrivés avec or et fusils, ont sûrement pu obtenir des places privilégiées par des alliances matrimoniales, ce qui a donné naissance au mythe des origines du peuple baoulé. Ils ont tenté de reproduire le système politique ashanti, mais sans pouvoir introduire la centralisation du pouvoir.

La structure de ce système politique est pyramidale, et centrée sur la « maison des chaises héritées », symbole de l’unité de chaque sous-groupe baoulé. En dehors des esclaves et des étrangers, tous les Baoulé appartiennent à une « maison » de ce type. Au sommet de cette « maison » se trouve un « roi » ou « chef », assisté d’une « reine », qui dispose d’importants pouvoirs, et qui n’est pas forcément l’épouse de celui-ci, mais plutôt la soeur aînée, voire la mère ou la tante. L’autorité du roi est représentée aux autres niveaux de la société par les chefs de village, les chefs de quartier, les chefs de groupes de parenté (akpassoua « neveu »), les chefs de la famille étendue et les chefs de la famille restreinte. A chaque niveau les femmes sont actives dans ce système. Ainsi, la polygamie n’avait pas d’influence sur la parité dans le pouvoir politique, car le sexe féminin est considéré dans la religion traditionnelle comme une source de pouvoir spirituel. Les grandes décisions sont prises en assemblées générales publiques, auxquelles toute la population concernée peut participer, quels que soient le sexe et l’âge.

Le pouvoir politique traditionnel découle de l’origine sociale. La société était autrefois divisée en trois groupes : les nobles (agua), les hommes libres (liewa) et les esclaves (achetés kanga et pour dettes aôwa sran). Entre ces trois groupes existaient des rapports de dépendance. Ces rapports pouvaient évoluer et se transformer, sauf pour les esclaves, considérés comme un bien attaché à leur propriétaire, qui pouvait les vendre ou se marier avec eux. Dans ce système dépourvu d’appareil de domination armé, à la différence des seigneuries de l’Europe occidentale du Moyen-Age qui avaient le monopole de la violence, le noble pouvait perdre ses dépendants si ceux-ci jugeaient ses actions injustes. Les villages et les groupes de parenté pouvaient ainsi déménager sans craindre de représailles, à l’instar de ceux des anciens royaumes et principautés taï de la péninsule indochinoise.

Les communautés d’hommes libres étaient structurées par groupes de parenté (awlô), qui se référaient à un ancêtre fondateur (dans les rites). Le fondateur du village, puis son groupe de parenté, exerçait le pouvoir politique dans la chefferie. Le groupe de parenté prenait le nom de celui qui le dirigeait, l’aîné (kpengben ou nanan chez les nobles), et était dépourvu de nom de famille. Ces unités de base de la société baoulé ne doivent pas être confondues avec un lignage, car elles étaient constitués d’individus de différentes origines. En effet, la filiation était cognatique à accentuation privilégiée matrilinéaire , mais la résidence des femmes était virilocale. Ainsi, des enfants pouvaient résider dans le groupe de l’un des parents, et les autres dans l’autre groupe. En cas de divorce ou de veuvage la femme pouvait retourner dans son groupe d’origine. En outre le don en adoption était très fréquent. Quand les enfants adoptés devenus adultes rentraient dans leur groupe d’origine, ils devaient donner leur premier enfant à leur groupe d’adoption. Pour les esclaves la filiation matrilinéaire était la règle. La souplesse de ces structures familiales donnait une large part à l’individualisme, sur lequel l’autorité avait peu de prise.

L’architecture de ce système politique et social reposait sur les rapports de dépendance, plutôt que sur les liens de parenté. Les dépendants, en dehors des esclaves, se plaçaient dans le sillage d’un aîné prospère, pour bénéficier de sa richesse. L’aîné devait travailler comme les dépendants pour leur montrer l’exemple. Compte tenu des nombreuses possibilités de changement d’aîné offertes aux dépendants mécontents, ce système était dominé par la concurrence entre groupes de parenté pour attirer les dépendants. Même un enfant adoptif pouvait fuir et retourner chez ses parents, sans droit de reprise s’il s’avérait qu’il avait été maltraité ou surexploité par son « aîné ». Plusieurs voies permettaient d’accroître le nombre de personnes dépendantes d’un groupe de parenté : la filiation, le mariage, l’adoption, l’esclavage. En dehors de l’esclavage, formellement aboli par le colonisateur, mais qui s’est poursuivi sous une forme atténuée avec les descendants d’esclaves (kanga ba), ces structures sociales et politiques se sont maintenues au XXe siècle. Le colonisateur s’est en effet appuyé sur les chefferies traditionnelles pour des fonctions régaliennes, comme le maintien de l’ordre et la perception de l’impôt.

Source : CRR-Centre d’information géopolitique

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