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Tradition africaine : Les techniques de défense mystique employées pendant la guerre d'indépendance en pays bassa'a, au Cameroun

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Les religions traditionnelles africaines ont sculpté l'Homme, mais aussi structuré et conditionné la vie sociale, politique et éthique de l’Afrique, avant l’avènement des religions instituées. Depuis lors, les pratiques de certains rites traditionnels sont en perte de vitesse, alors même que leur puissance ne fait l'objet d'aucun doute, à en croire le nombre de religieux qui s'empressent chez les marabouts et les grands maîtres ésotériques africains.

Si tout le monde s'accorde à dire que l'heure est venue pour l'Afrique de renaître de ces cendres, il convient de se demander avec quel homme africain nouveau cette renaissance devra t'elle se faire ? Peut-on envisager la renaissance africaine sans l'avènement d'un homme africain spirituellement libéré des dogmes religieux incapacitant ? Autrement dit, quelle mystique pour la renaissance africaine ?

AfroPolitis.com, votre média citoyen socialement connecté vous présente, à travers cet article originellement publié par Dibombari Mbock, les techniques de défense utilisées par les africains pendant la guerre d'indépendance en pays bassa'a au Cameroun. Il s'agira donc d'un cas pratique assorti d'une vidéo d'illustration contemporaine, démontrant la puissance des rites traditionnels africains.

1. LE « KÒN » OU LA « DÉFENSE ABSOLUE ANCESTRALE »

Le « Kòn » est une technique de « blindage » (protection) occulte qui permet, à un niveau très avancé, à son utilisateur d'être quasiment à l'épreuve des balles. Le « Mbombok B. » soulignait que cette technique est née de l'association des connaissances mystiques des bassa'a du Cameroun et des Ghanéens d'où, d'ailleurs, le sacrifice d'un robuste bouc lors de la « cérémonie de blindage ». Le « Mbombok R », nous faisait également comprendre que, dans le « maquis » de Boumnyebel, la guerre se faisait, en grande partie, à l'aide des armes à feu. Sur ce plan, les colons et les « Dikokôn » (les espions) bénéficiaient d'un excellent équipement militaire. Le « Kòn » permettait donc, dans ce contexte de violence sanglante, aux « maquisards » (moins bien équipés militairement), d'équilibrer relativement le rapport de force. Il présentait sur ce point un « aspect égalisateur ».

Pour comprendre un peu mieux le mécanisme opératoire de cette « technique occulte », il convient de savoir que : quand on dit, en langage bassa'a, que quelque chose a « kòn », cela veut dire que la chose dont il est question a été « tachée » ou « maculée ». Dans le langage ésotérique, le vocable prend un sens plus subtil. Ainsi, quand un homme « travaille » son corps au « Kòn » (quand il subit la cérémonie de blindage du même nom), il est censé se recouvrir d'une « seconde peau invisible », une sorte de « champ de force énergétique » (propos recueillis en Novembre 2008 auprès du « Mbombok A. »). Grâce à cette sorte d'« armure invisible », le corps dudit individu est protégé contre les balles et les armes blanches (ceci constitue le summum de cette technique).

Le « Mbombok R. », souligna également que le « Kòn », au cours du « Gwet bi Kundè », permettait en effet aux « maquisards » de Boumnyebel de résister aux balles, et, même quand ils étaient touchés par des projectiles, ils n'en mourraient généralement pas et pouvaient rentrer au campement pour y être soignés par les grands prêtres traditionnels. En clair, le « Kòn », certes, pouvait protéger les « maquisards », mais était loin de leur fournir une protection infaillible, puisqu'en tant qu'hommes fait de chair et de sang de surcroît imparfaits, ils restaient des êtres faillibles.

Tout comme ACHILLE, l'un des plus puissants guerriers de la Grèce Antique, qui selon la mythologie était invulnérable sauf à un seul endroit : le célèbre « talon d'Achille » ou encore un SAMSON dont la « force divine extraordinaire » provenait de sa longue chevelure dont la coupure, entraînait aussitôt sa faiblesse ; les « maquisards » de Boumnyebel aussi, malgré cette « armure invisible », restaient des êtres vulnérables.

Par conséquent, trois (3) raisons fondamentales pouvaient justifier la mort par balles d'un « maquisard » doté du « Kòn ».

Premièrement, la « violation des interdits » inhérents à la possession de cette technique (donner volontairement la mort à autrui par exemple).

Deuxièmement, la « préparation mystique » des balles qui lui étaient destinées (balles dotées de pouvoirs magiques maléfiques extrêmement puissants).

Troisièmement, l'« heure prévue » de quitter les siens pour rejoindre les ancêtres. En effet, tout homme, aussi puissant soit-il, est appelé à mourir un jour. Le but des « forces occultes positives » (en l'occurrence le « Kòn ») est simplement d'éviter que ce « départ » ne soit précipité et permettre à l'homme d'accomplir sa mission terrestre avant « l'heure fatidique » (« Mbombok A. »).

2. LE « DIM BA KO » OU LE « KALÉIDOSCOPE HYPNOTIQUE ANCESTRAL »

La « seconde technique de défense ésotérique », du temps de la guerre dans le « maquis » de Boumnyebel, fut ce que les « Ba Mbombok » appellent le « Dim Ba Ko ». Cette expression dérive de deux (2) termes bassa'a à savoir : « Dim » (aveugle, aveuglement) et « Ba Ko » (les Pygmées). Littéralement donc, le « Dim Ba Ko » signifie « l'aveuglement des Pygmées ». Le « Mbombok R. » nous disait à ce sujet que :

« Les Pygmées (peuple de la forêt), sont, entre autres, réputés pour leur grande connaissance des mystères et des secrets de la forêt ; c'est pour cela que les Ancêtres bassa'a, en mémoire de ce peuple, en ont fait la dénomination éponyme de cette technique occulte ».

Le « Dim Ba Ko », que nous avons aussi appelé ici, le « Kaléidoscope hypnotique ancestral » (« Mbombok A. »), c'est-à-dire, « Un cadre spatio-temporel où ce qui est perçu par le commun des mortels n'existe pas comme tel et, ce qui existe n'est pas perçu comme tel ». Autrement dit, le « Dim Ba Ko » avait la faculté de brouiller les perceptions sensorielles (notamment l'acuité visuelle) de tout intrus (en l'occurrence les soldats français).

En effet, en tant que « technique de brouillage occulte », le « Dim Ba Ko » permettait donc aux « maquisards » de se soustraire, temporairement, à la perception visuelle des soldats coloniaux.

Notons également que, en recourant à cette technique « subtile » -- laquelle était généralement mise en place par les « Ba Mbombok Mabouye »92(*) -- les « maquisards » étaient entourés par une sorte de « voile mystique » qui inhibait complètement l'acuité sensorielle des soldats français, les plaçant dans l'incapacité de les localiser avec précision, de les voir et a fortiori de les cribler de balles.

Le « Mbombok R. » nous révélait en outre que, le « Dim Ba Ko » se présentait également comme une « technique de camouflage occulte ». Dans ce cas précis, la technique permettait par exemple aux « maquisards », cernés dans le camp (où s'organisait la rébellion), par les soldats français de dissimuler leur présence en « devenant mystiquement furtif ».

Ainsi, lorsque les soldats arrivaient, ayant à l'avance été informés de la présence effective des « maquisards » en ce lieu, à leur grande surprise, « ils ne voyaient personne », alors que les « maquisards », eux, pouvaient distinctement les voir.

Cependant, le « Dim Ba Ko », lorsqu'il était actionné, était soumis à une règle fondamentale : les « maquisards » ne devaient en aucun cas tuer, répandre le sang des soldats qui étaient devenus « aveugles » sous l'effet de son action. Puisque le but visé ici n'était aucunement de supprimer la « Vie », mais de la préserver avec l'aide de « Hilôlômbi » (Dieu)93(*) à travers les Ancêtres.

Par ailleurs, le « Kaléidoscope hypnotique ancestral » pouvait aussi agir comme une « technique de substitution occulte », c'est-à-dire, qu'il pouvait arriver dans le « maquis » qu'un soldat ouvre le feu (ou croit tirer) sur un « maquisard » et qu'au lieu de trouver le corps de ce dernier sur le sol, il trouve plutôt un tronc d'arbre ou un animal : « Les Ancêtres, disait le « Mbombok R. », l'avait simplement transporté ailleurs sain et sauf ».

Le « Dim Ba Ko », comme toute technique attachée à l'homme (être imparfait), avait également une faille. Il suffisait en effet qu'un « kokôn » (traître, espion en langue bassa'a) dévoile le secret en permettant aux soldats français de voir les « maquisards ».

Pour ce faire, il fallait qu'il introduise, nous a-t-on dit, dans les yeux des soldats, un « liquide spécial », dont la vertu était d'accroire les capacités visuelles et de dessiller les yeux de ces derniers. Grâce cette « substance mystique », les soldats pouvaient percer le « voile occulte » et voir ce qui jusque-là, échappait totalement à leur champ de perception. C'est ce qui, semble t-il, arriva le jour de l'assassinat de UM NYOBE.

3. LE « NLEND BASÔGÔL » OU LE « CRI SALVATEUR ANCESTRAL »

Le « Nlend Basôgôl », technique qui nous a été suggérée par un « Vieux Sage », « ex-maquisard », peut être aussi considéré comme une technique de défense occulte. Une définition littérale de l'expression tronquerait son sens véritable dans la mesure où : le terme « Nlend » signifie « cri » et « Basôgôl » signifie « les ancêtres » ; nous aurons, en suivant cette logique « le cri des ancêtres », ce qui n'a rien à voir avec le sens contextuel. En fait, dans le « maquis » de Boumnyebel en l'occurrence, ce ne sont pas les ancêtres qui crient, mais un de leurs descendants (« Balal ») qui les exhortent à travers son cri de détresse. Le « Nlend Basôgôl » doit donc être appréhendé ici comme un cri adressé aux ancêtres, afin d'obtenir leur protection contre un danger imminent.

Selon ce « Vieux Sage », pendant la guerre dans les « maquis », les jeunes gens, comme lui à cette époque, étaient souvent chargés de transporter des messages d'un camp à un autre. Pour leur permettre de bien accomplir cette mission, les « Ba Mbombok », avant de les envoyer en mission, se réunissaient et faisaient une « cérémonie sacrée » destinée à appeler les Ancêtres afin que ces derniers accompagnent leurs enfants et les protègent au cours de leur voyage périlleux. Une recommandation était faite aux jeunes hommes : ils ne devaient en aucun cas pendant le parcours qu'il effectuait en courant (même sous l'effet des bruits de coups feu) se retourner et regarder derrière eux. Ce vieil homme nous révéla que pour sa part, son père, avant de décéder, lui avait dit que, à chaque fois qu'il se sentirait en danger de mort, qu'il fasse appel à lui en disant ces mots : « A Tara, mè nu nu ba yeò nól », c'est-à-dire, « Père, me voici que l'on veut tuer ». Lorsqu'il avait fini de prononcer dûment cette formule, nous a-t-il dit, de façon instantanée il se retrouvait à quelques kilomètres plus loin de l'endroit du péril.

Source: les forces de l'invisible dans la vie sociopolitique au Cameroun - Alain Thierry Nwaha - DEA Science Politique 2008 - Université de Yaoundé II (Soa)

crédit publication : Dibombari Mbock

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